NOU LÉ KAPAB

Association loi 1901, créée en 2009 (contact@noulekapab.com)

Pour le respect du droit des Réunionnais à être fonctionnaires à La Réunion

L’Alliance des jeunes pour la formation et l’emploi à La Réunion (AJFER) et les associations La Réunion debout’, GPX974 et Fonctionnaires ultramarins se sont mobilisés hier devant la Préfecture pour revoir le système des mutations qui s’avère être « empreint d’injustices et d’aberrations ». Munis de banderoles pour la « Priorité à l’embauche des Réunionnais », les participants ont fait entendre leurs voix.


Mobilisation réussie hier pour que cesse une discrimination pratiquée à l’encontre des Réunionnais reçus à un concours de la fonction publique, celle des entraves empêchant le retour au pays après quelques années en France. Cela concerne notamment les policiers, et plus largement toute la fonction publique.


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Plusieurs membres du Parti communiste réunionnais ont apporté leur soutien à ce rassemblement. Parmi eux, Pierre Thiébault de Saint-Paul, Julie Pontalba de Saint-Leu, et une délégation de la Section de Saint-Denis : Safre Richemont, Maurice Soubou, Jean-Fabrice Nativel, Chantal Bon et Christian Gravina. Trois-Bassins est aussi venue soutenir la cause de ces jeunes Réunionnais, avec une délégation conduite par Simone Yee Chong Tchi Kan.


Quelques élus, dont Maurice Gironcel, Maire de Sainte-Suzanne, à la tête d’une délégation de la commune, et la conseillère régionale Béatrice Leperlier ont répondu à l’appel lancé à se mobiliser. Comme l’a expliqué Béatrice Leperlier, « nous sommes satisfaits de la mobilisation, car chaque année, le problème perdure. Il y a eu des précédents collectifs, mais c’est la première fois que l’on réussit à réunir toutes ces personnes ». Cette démarche devrait en appeler d’autres, comme l’ont indiqué les organisateurs, car « ce sont aujourd’hui aux députés de prendre la bataille en main et de la porter à l’Assemblée nationale », d’autant plus que l’« on se rend compte du nombre important de familles réunionnaises que cela concerne, on ne peut plus fermer les yeux », conclut l’élue.


 

Prendre conscience de la situation des Réunionnais

 

 

La place de la Préfecture a accueilli de nombreuses personnes. Familles de policiers affectés en France, policiers en congés et associatifs ont apporté leur solidarité aux Réunionnais désireux d’être affectés dans leur île, après un certain nombre d’années dans la Police nationale. Cependant, ce mouvement ne concerne pas seulement les policiers, il s’agit de « tous les fonctionnaires » réunionnais souhaitant être mutés après quelques années en France à La Réunion, a expliqué Laurent Boyer du groupe GPX974. Tous ont voulu exprimer leur désarroi et surtout la situation dans laquelle ils se trouvent. En effet, beaucoup aimeraient avoir la possibilité de retourner « au pays après une dizaine d’années, car nous sommes réalistes, après certaines années d’expérience en France, nous souhaitons revenir », a précisé le représentant du GPX974.

 

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Des inégalités persistantes

 

« Jusqu’en 2001-2002, nous avions droit de demander chaque année notre mutation, basée sur un système de classement ». Cela se traduit par « plus on fait de demandes, plus les possibilités d’être mutés sont grandes, mais aujourd’hui, l’administration demande l’ancienneté », ce qui pénalise encore plus les possibilités de retour à La Réunion, a expliqué Karine, policière en uniforme depuis seize ans, en congés dans l’île. Cette dernière, à l’instar de ses collègues, a entrepris les démarches pour une mutation à La Réunion, mais sans succès, ni raison.

 

« Le système mis en place n’est pas opérationnel, il y a un manque de transparence. Quand un jeune part en France, il doit pouvoir se dire qu’il pourra revenir dans dix ans », a expliqué Laurent Boyer. Venu soutenir la mobilisation, le maire de Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel, a tenu à exprimer son soutien aux fonctionnaires : « Je suis venu parce que lorsque des gens luttent, il faut être à leurs côtés. Cette lutte est normale et légitime, car ils veulent vivre et travailler dans leur pays ». Ce dernier a souhaité que « les personnes qui partent puissent revenir dans leur pays. La priorité de l’embauche doit être donnée aux Réunionnais à La Réunion. Ce n’est pas être anti de vouloir que nos jeunes Réunionnais puissent rentrer dans leur pays ».

 

Que font les députés ?

 

Tous sont unanimes, « les députés doivent prendre conscience de la gravité de la situation. La balle est dans leur camp, ils doivent agir et mettre en place des mesures urgentes, car il existe des drames humains », a indiqué Gilles Leperlier. Dominique a expliqué que « ce sont les élus qui doivent bouger, car ils peuvent décider de faire une loi dans notre sens ». En effet, beaucoup de familles de policiers présentes ont dénoncé l’inertie des députés qui, pour bon nombre, n’ont pas répondu aux appels lancés. Karine a expliqué qu’elle avait souvent écrit aux députés réunionnais, mais « ce sont des lettres mortes ». Dominique, mère d’un jeune policier, a indiqué : « Mon fils est prêt à revenir même sans surrémunération. On se pose d’ailleurs la question, s’il n’y avait pas cette surrémunération, y aurait-il autant de métropolitains qui voudraient venir travailler à La Réunion ? ». Sa voisine d’ajouter : « Est-ce que les élus feront le nécessaire pour que les Réunionnais reviennent plus vite ? Ce n’est pas normal qu’ils attendent 25 ans pour pouvoir revenir ! ».

 

Dossier complexe

 

« Après des semaines d’explication et de sensibilisation sur un dossier qui n’est pas simple, la mobilisation est bonne et est le résultat d’un travail long et difficile. Mais cette première victoire va en appeler d’autres. Le combat ne fait que commencer, car derrière, il y a des drames humains et un aspect social oublié », a conclu Gilles Leperlier.

 

La mobilisation s’est terminée par le dépôt en Préfecture du courrier des organisateurs et a laissé entendre de nouvelles mobilisations, comme l’a déclaré Maurice Gironcel, « les seuls combats que l’on ne gagne pas sont ceux que l’on ne mène pas ».

 

Témoignages. 13 août 2012. Lien 

 

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« Je suis désespérée et pleine de rage »

 

Karine a passé son concours à La Réunion et a été mutée en Franche-Comté, celle-ci a expliqué : « Quand j’ai passé mon concours, je me suis préparée psychologiquement à rester en Métropole durant dix à douze ans, mais pas seize ans. Aujourd’hui, je suis désespérée et pleine de rage, car mon mari qui a 24 ans d’ancienneté sera muté dès sa première demande et passera devant moi ». La jeune femme a expliqué qu’il est « de plus en plus difficile de travailler en France », sentiment partagé par la mère d’un jeune policier, Dominique, qui a indiqué : « Mon fils est en France depuis cinq ans, c’est lui qui m’a informé de cette mobilisation et m’a demandé d’y participer. La vie en France est très difficile pour lui, notamment à cause du racisme que subissent les Réunionnais là-bas ».

 

Courrier et pétition

Dans un courrier, Freddy Tayo et Fabrice Boucher, porte-paroles des Fonctionnaires ultramarins & GPX974, ont souhaité attirer l’attention du préfet sur « les problèmes qu’engendrent les règles de mutations qui régissent actuellement le Corps d’Encadrement et d’Application dans la Police nationale ». Ces derniers ont expliqué que « le système est empreint d’injustices et d’aberrations » et ont pointé du doigt les « nombreux témoignages (qui - NDLR) nous sont remontés régulièrement et la détresse grandit chaque jour un peu plus », précise le courrier. Une pétition signée par 127 personnes sera accompagnée de la lettre au préfet, a précisé Freddy Tayo.

 

« Les Réunionnais pénalisés »


Pour Gustave Harry de La Réunion debout’, « Les Réunionnais sont sinistrés au niveau des postes à responsabilités qui existent dans les secteurs privés et publics ». Joignant le mouvement, ce dernier explique que le contexte actuel revient « à celui des colonies », c’est pour cette raison que la centaine de membres de l’association a décidé de rejoindre la mobilisation pour alerter les parlementaires afin qu’« ils prennent conscience de la situation et surtout arrêtent de dire, mais agissent. Car la préférence régionale était dans leur programme de campagne, ils doivent maintenant porter notre demande ». Ce dernier a confirmé les propos tenus par les autres organisateurs : « Aujourd’hui plus qu’avant, nous allons nous unir et travailler pour que ce système de mutations change ». Dans la suite des propos tenus par Gustave Harry, Laurent Boyer de GPX974 a précisé que la mutation n’était pas mauvaise en soi, mais elle devra être réussie : « Le problème actuel du système des mutations concerne l’ensemble de la fonction publique, nous avons les gardiens de la paix, les policiers puis les enseignants qui protestent. Nous sommes pour la mobilité, mais une mobilité réussie qui nous permette de revenir quelques années après avoir réussi le concours ».

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